Chronique d'une journée pas comme les autres
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- Publié le 17 mai 2009
Petite pause, collation. Nos guides en profitent pour sortir carte, boussole, altimètre. Nous devons progresser en suivant les courbes de niveau pour aller rejoindre et contourner un éperon rocheux. Tantôt en montée, tantôt en descente nous avançons bien. Certains endroits sont plus exposés, la vigilance reste de mise, « faire mordre les carres » dans la neige durcie. Pas toujours évident et je m'offre une chute d'une dizaine de mètres sans mal... sauf qu'il faudra bien tout remonter!
Nous atteignons le col sous notre objectif. Pause, collation, nous examinons la suite. Pas évident d'évaluer l'inclinaison de la pente du couloir quand on est en dessous. Pas de trace, la neige est vierge. Personne, nous sommes seuls, la montagne rien que pour nous. Quelques conversions, quelques traversées, Thierry nous fait la trace dans la pente jusqu'au pied du couloir. Il est 11h30. Nous laissons les skis, chaussons les crampons, formons les cordées et piolet à la main, nous nous engageons dans ce couloir. Progresser dans cette neige fraîche et profonde n'est pas de tout repos pour Thierry qui fait la trace, pour Christian... qui corrige un peu ses marches, mais plus aisé pour moi qui ferme la cordée!
Le piolet s'enfonce jusqu'à la garde. Nous avançons doucement à cette altitude - environ 3000 m -, le souffle est un peu court. Le couloir forme un Y, nous empruntons la branche de droite. Il me semble que la pente se redresse encore, le couloir est bordé de rochers. La progression devient plus simple car la neige est bonne, elle porte mieux. Un petit col puis une vingtaine de mètres sur une arête en mixte... et le cairn,... le sommet du Pizz Rotondo 3197 m...
belle vue à 360 degrés, quel paysage... que c'est beau! Ciel parfaitement bleu, soleil, montagnes environnantes enneigées... Que du bonheur ! Instant magique. Quelle chance nous avons de réaliser cela, de bénéficier d'un tel spectacle après l'effort. Il est 12h30. Il nous a fallu environ 5 heures depuis le refuge... qui selon le gps de Marc est à 4 km seulement ! Nous devinons nos traces sur le glacier.
l nous faut quitter ce coin de paradis, cet endroit rempli de sérénité. Que la montagne est belle... Ici ou ailleurs je sais que j'y reviendrai.
Je plonge la première dans la descente du couloir, en marche arrière, la pente est trop forte. Quelques becquets rocheux permettent un assurage valable dans la première partie. Ensuite la pente se couche un peu, le couloir s'élargit et progressivement, nous évoluons face au vide. Malgré les anti-bottes il faut être vigilant et « débotter » souvent « comme au bon vieux temps ».
Alors que nous rejoignons les skis, d'autres groupes arrivent et s'engagent dans le couloir. Quelle neige auront-ils pour descendre? N'est-ce pas un peu tard ?
Retour sur nos traces. Au col, le soleil descend sous une crête lointaine, les lumières rasantes de cette fin de journée sont extraordinaires.
Dernières descentes vers le refuge dans une neige légère et agréable à skier.
Quelle belle journée nous avons vécue ensemble.
A quand les prochaines aventures?
Christiane Blaise (avec Christian, Thierry, Luc, Florent et Marc)