Arêtes rocheuses dans les Vosges et le Jura
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- Publié le 27 août 2008
Deuxième arête, et
ce fut une découverte cette fois, l'arête calcaire du Raimeux, dans
le Jura suisse. Et quelle découverte!! A l'origine, nous en avions
entendu parler pour la première fois il y a deux ans, lors de la traversée
de l'arête des Sommêtres, située non loin de là dans les Franches
Montagnes. Après un petit repérage géographique et la collecte de
quelques informations auprès de l'office du tourisme de Moutier l'année
dernière, nous voici enfin, quelques topos en main, prêts pour l'aventure.
A l'inverse des précédentes, l'arête du Raimeux, appelée aussi "Grande
Arête», ne demande aucune marche d’approche. Le parking d'accès
se situe au bord de la route cantonale et de la voie ferrée Moutier-Delémont.
Beaucoup de bruit donc émanant de ces voies de communication, surtout
au début de l'escalade, mais ensuite cela s'estompe progressivement.
La Grande Arête, orientée ouest-est et longue de deux kilomètres,
commence à une altitude de 500m et se termine, si on la fait dans son
intégralité, à 1100m. Après cinq minutes de montée par un chemin
de gravillons dans la forêt, nous atteignons le pied d'une dalle haute
d’une soixante de mètres et dans laquelle plusieurs itinéraires
d'ascension sont possibles, allant du 2a au 4c. Nous choisirons les
vires en 3c pour parvenir en haut de celle-ci, là où démarre vraiment
l'arête. Des traces de fossiles marins sont bien visibles à certains
endroits ; le topo indique même la présence d'empreintes de dinosaures,
mais sans doute étions-nous trop concentrés, nous n'en avons pas vu.
La première partie de l'arête est la plus intéressante: d'abord une
montée facile en gradins, et puis une succession de passages rocheux
courts, entre cinq et quinze mètres, mais très jolis, qui peuvent
aussi être contournés, mais cela dévalue la traversée. Ils sont
assez bien équipés et il est parfois possible de rajouter l'un ou
l'autre friend pour se rassurer... Ces passages portent des noms originaux,
avec dans l'ordre de la traversée : "Le Dièdre Gallet" et
un pas de 5b, "Le Bastion ", petit pilier de huit mètres
en 5a, "Le Canapé", belle fissure en 3a, suivie par un premier
rappel de cinq mètres. Juste après celui-ci, nous arrivons au pied
du " Donjon", pilier à trous de quinze mètres en 5a, suivi
à nouveau d'un rappel de cinq mètres. Vient "La Noisette",
beau bloc gravi par une fissure en 3c. Cela fait déjà deux heures
que nous nous régalons sur cette arête baignée de soleil. Le topo
indique ici la possibilité d'interrompre l'escalade et de descendre
par un chemin forestier en face nord. Nous préférons continuer, même
si la suite est mentionnée comme moins attrayante et aussi moins équipée.
L'aventure se poursuit. Certes, une paroi pitonnée de fiches de fers
facilite l'escalade d'un mur en 3a, mais bien vite le naturel
reprend le dessus avec " La Via Mala", superbe enchaînement
d'un bloc et d'une cheminée en 5b. Suit alors une longue section facile
mais très aérienne, dominant les voies d'escalade de la face sud.
A une petite brèche où il est à nouveau possible de descendre en
face nord, nous gravissons le "Pic André", jolie cheminée
en 4c. A nouveau, une longue section aérienne sur l'arête facile nous
conduit au "Philosophe", petit sommet anodin qui nécessite
un rappel de 25 mètres si l'on suit intégralement le fil de l'arête.
N'ayant pas pris de corde assez longue, nous n'aurons pas d'autre choix
que de le désescalader facilement par son versant nord et de rejoindre
un collet d'où il est possible de descendre en face sud mais le topo
le déconseille, car "le chemin est peu utilisé et parsemé
de blocs instables". Bref, nous continuons ; un vieux clou et
surtout des friends permettent de franchir un nouvel obstacle en 4c
associant bloc et fissure. Tout doucement, l'arête se réduit à quelques
petits rochers, la forêt reprend ses droits, un sentier apparaît pour
nous conduire au point 1100m.
Un cairn indique le "sommet"
de l'arête. Cinq heures de traversée, cinq heures de régal, cinq
heures d'aventure, cinq heures de solitude... Seules deux cordées
étaient présentes jusqu'à mi-chemin. Dans la deuxième partie plus
sauvage, nous aurons croisé un chamois, tout surpris de voir deux bipèdes
bien hésitants sur l'arête ainsi que quelques petits lézards se dorant
sur le chaud calcaire et nous narguant avec leur aisance de se déplacer
sur la roche. Un petit sentier descend sur le versant sud. Il mène
à l'auberge du Raimeux puis au hameau de Belprahon. Il nous faudra
tâtonner quelque peu pour trouver le bon chemin de descente qui longe
toute l'arête par la Combe du Pont. Une bonne heure de marche nous
ramène au parking de départ. Retour à la civilisation...
Les documents à disposition étaient la carte topo suisse au 1/25000 Moutier n°1106, les croquis et itinéraires du topo " Jura Plaisir, éditions Filidor de Jurg Von Känel" ainsi que " Escalade dans le Jura Bernois, éditions du CAS".